Je profite de quelques jours tranquilles loin de Londres et séjourne dans le Somerset, la région de mon enfance. Difficile de concevoir la folie du monde face aux collines familières des Mendip et au calme paisible des Somerset Levels.
Quand soudain, une nouvelle
tragédie survient à Nice en France.
- Au moins 84 décès
- 202 blessés
- 25 personnes en réanimation
- 52 personnes en état d’urgence absolue
- 10 enfants et adolescents parmi les victimes
Ligne téléphonique pour les
familles :
04 93 72 22 22
Bataille de la Somme
Il y a cent ans,
la quiétude du bois de Thiepval en France fut brisée par la bataille de la
Somme. La Première Guerre mondiale frappa l’ensemble de la population comme en
attestent les monuments commémoratifs du village. Les horreurs de la guerre,
profondément imprimées dans la mémoire des survivants et des familles
endeuillées, ont perduré bien après la fin des hostilités.
En témoigne une
plaque dans l’église St Mary à Wedmore. J’ai ressenti un
véritable choc en lisant le texte gravé sur cette plaque.
En mémoire de
STANLEY BENSKIN HENSON
Second lieutenant 1er régiment
d’infanterie légère du Somerset.
Fils unique du Dr. W.J. Henson et de Mme, habitant
Elmsett Hall à Wedmore.
Le 19 décembre 1914, il fut abattu en plein cœur
alors qu’il menait
une offensive contre les tranchées allemandes.
Enterré à Ploegsteert en Belgique.
Stanley Benskin
Henson, second lieutenant dans le 1er régiment d’infanterie légère du Somerset,
a vécu il y a plus de cent ans et il est mort le jour de mon anniversaire.
Grâce à quelques recherches sur internet, j’ai découvert une autre
coïncidence : il était né le même jour que mon fils aîné. J’ai réalisé
alors ce que la paix en Europe signifiait à cette époque-là.
Nice
Aujourd’hui,
j’ai été choquée à nouveau par les nouvelles tragiques en provenance de Nice.
Je ne peux m’empêcher de penser à ce moment de 2015 lorsque mes fils et moi
nous promenions sur la Promenade des Anglais, totalement insouciants. Mes
pensées et mes prières accompagnent les familles endeuillées, les blessés et
tous ceux qui sont concernés.
Dans un moment comme
celui-ci, nous partageons une même humanité et une même solidarité. Mais
pourquoi faut-il toujours une tragédie pour que nous nous rassemblions ? Autre
coïncidence : la députée britannique Jo Cox a été enterrée aujourd’hui. Ses
mots me reviennent :
« Nous sommes bien plus unis, et avons bien
plus en commun
les uns avec les autres, que de choses qui nous divisent »
Un jour comme
celui-ci nous fait comprendre la valeur des libertés acquises à travers deux
guerres mondiales. Il est très facile de sous-estimer l’ampleur du
problème.
Les terroristes
ne gagneront pas. Mais comment les forces de sécurité peuvent-elles anticiper
les actions folles d’extrémistes isolés ?
L’ingérence croissante
dans nos vies, la sécurité renforcée ou la prolongation des situations d’état
d’urgence ne vont pas résoudre la crise. Aux citoyens honnêtes et respectueux
des lois, ces mesures ne risquent-elles pas de reprendre des libertés si
chèrement gagnées ?
Dans nos
sociétés, le changement ne peut pas toujours venir d’en haut et de la loi. Il
doit venir d’en bas, de partout et de tous.
Nous considérons
notre liberté comme une chose acquise pour toujours sans observer sa
dégradation progressive. Nous cédons à la facilité et pensons que le
comportement d’une personne isolée ou d’une minorité extrémiste reflète les
croyances de toute une communauté.
Beaucoup d’entre
nous estiment que leurs votes et leurs voix ne comptent pas et ne changeront
rien. Ces jours-ci, en pensant à Nice, nous sommes nombreux à envoyer des
messages et des prières sur Twitter. Il est difficile de trouver les mots, le
don d’éloquence n’est pas donné à tout le monde. Un sentiment d’impuissance
nous envahit, nos paroles semblent vaines.
Pourtant, chaque
tweet et chaque message, envoyés dans le monde virtuel, comptent pour le monde
réel. Il est vital que la voix et la conscience de la majorité silencieuse
honnête, attentive et qui respecte la loi, couvrent les atrocités des
extrémistes et des terroristes.
Malheureusement,
encore une fois, nous réalisons qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour
guérir la planète et ses communautés.
Je pense à la
devise de la France « Liberté,
Egalité, Fraternité », véritable source d’inspiration.
Liberté : nous jouissons de la liberté,
mais elle est menacée et reste non équitablement partagée dans le monde.
Égalité : nous pourrions faire bien
mieux. Ce n’est pas seulement une question de loi, mais également d’état
d’esprit.
Fraternité : c’est la responsabilité de
tout citoyen, pas seulement des hommes politiques. Pourquoi est-ce qu’il faut
toujours un événement tragique pour nous faire nous rassembler ? Il suffit
d’un sourire, d’un mot gentil, régulièrement et au quotidien. Les autres nous
semblent différents, mais ils souffrent et saignent exactement comme nous.
En ce jour
sombre, mes prières accompagnent la ville de Nice.
Traduction de l'anglais par Nathalie Joffre