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Friday, 15 July 2016

Liberté, Egalité, Fraternité


Pic of French flag - blue, white, red

Je profite de quelques jours tranquilles loin de Londres et séjourne dans le Somerset, la région de mon enfance. Difficile de concevoir la folie du monde face aux collines familières des Mendip et au calme paisible des Somerset Levels.

Quand soudain, une nouvelle tragédie survient à Nice en France.
-   Au moins 84 décès
-   202 blessés
-   25 personnes en réanimation
-   52 personnes en état d’urgence absolue
-  10 enfants et adolescents parmi les victimes
Ligne téléphonique pour les familles :
 04 93 72 22 22




Bataille de la Somme
Il y a cent ans, la quiétude du bois de Thiepval en France fut brisée par la bataille de la Somme. La Première Guerre mondiale frappa l’ensemble de la population comme en attestent les monuments commémoratifs du village. Les horreurs de la guerre, profondément imprimées dans la mémoire des survivants et des familles endeuillées, ont perduré bien après la fin des hostilités.

En témoigne une plaque dans l’église St Mary à Wedmore. J’ai ressenti un véritable choc en lisant le texte gravé sur cette plaque. 



En mémoire de
STANLEY BENSKIN HENSON
Second lieutenant 1er régiment d’infanterie légère du Somerset.
Fils unique du Dr. W.J. Henson et de Mme, habitant Elmsett Hall à Wedmore.
Le 19 décembre 1914, il fut abattu en plein cœur alors qu’il menait 
une offensive contre les tranchées allemandes.
Enterré à Ploegsteert en Belgique.

Stanley Benskin Henson, second lieutenant dans le 1er régiment d’infanterie légère du Somerset, a vécu il y a plus de cent ans et il est mort le jour de mon anniversaire. Grâce à quelques recherches sur internet, j’ai découvert une autre coïncidence : il était né le même jour que mon fils aîné. J’ai réalisé alors ce que la paix en Europe signifiait à cette époque-là.


Nice
Aujourd’hui, j’ai été choquée à nouveau par les nouvelles tragiques en provenance de Nice. Je ne peux m’empêcher de penser à ce moment de 2015 lorsque mes fils et moi nous promenions sur la Promenade des Anglais, totalement insouciants. Mes pensées et mes prières accompagnent les familles endeuillées, les blessés et tous ceux qui sont concernés.

Dans un moment comme celui-ci, nous partageons une même humanité et une même solidarité. Mais pourquoi faut-il toujours une tragédie pour que nous nous rassemblions ? Autre coïncidence : la députée britannique Jo Cox a été enterrée aujourd’hui. Ses mots me reviennent :

« Nous sommes bien plus unis, et avons bien plus en commun 
les uns avec les autres, que de choses qui nous divisent »

Un jour comme celui-ci nous fait comprendre la valeur des libertés acquises à travers deux guerres mondiales. Il est très facile de sous-estimer l’ampleur du problème. 

Les terroristes ne gagneront pas. Mais comment les forces de sécurité peuvent-elles anticiper les actions folles d’extrémistes isolés ?

L’ingérence croissante dans nos vies, la sécurité renforcée ou la prolongation des situations d’état d’urgence ne vont pas résoudre la crise. Aux citoyens honnêtes et respectueux des lois, ces mesures ne risquent-elles pas de reprendre des libertés si chèrement gagnées ?

Dans nos sociétés, le changement ne peut pas toujours venir d’en haut et de la loi. Il doit venir d’en bas, de partout et de tous.

Nous considérons notre liberté comme une chose acquise pour toujours sans observer sa dégradation progressive. Nous cédons à la facilité et pensons que le comportement d’une personne isolée ou d’une minorité extrémiste reflète les croyances de toute une communauté.

Beaucoup d’entre nous estiment que leurs votes et leurs voix ne comptent pas et ne changeront rien. Ces jours-ci, en pensant à Nice, nous sommes nombreux à envoyer des messages et des prières sur Twitter. Il est difficile de trouver les mots, le don d’éloquence n’est pas donné à tout le monde. Un sentiment d’impuissance nous envahit, nos paroles semblent vaines.

Pourtant, chaque tweet et chaque message, envoyés dans le monde virtuel, comptent pour le monde réel. Il est vital que la voix et la conscience de la majorité silencieuse honnête, attentive et qui respecte la loi, couvrent les atrocités des extrémistes et des terroristes.

Malheureusement, encore une fois, nous réalisons qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour guérir la planète et ses communautés.

Je pense à la devise de la France « Liberté, Egalité, Fraternité », véritable source d’inspiration.

Liberté : nous jouissons de la liberté, mais elle est menacée et reste non équitablement partagée dans le monde.

Égalité : nous pourrions faire bien mieux. Ce n’est pas seulement une question de loi, mais également d’état d’esprit.

Fraternité : c’est la responsabilité de tout citoyen, pas seulement des hommes politiques. Pourquoi est-ce qu’il faut toujours un événement tragique pour nous faire nous rassembler ? Il suffit d’un sourire, d’un mot gentil, régulièrement et au quotidien. Les autres nous semblent différents, mais ils souffrent et saignent exactement comme nous.

En ce jour sombre, mes prières accompagnent la ville de Nice.

 Pic of promenade looking towards Nice lighthouse at dusk, sea to right

Traduction de l'anglais par Nathalie Joffre

Wednesday, 5 November 2014

1914-2014 : Liverpool se souvient


Cet été, la ville anglaise de Liverpool et Nantes, la française, ont commémoré la Première Guerre mondiale. Avec mon fils cadet, nous avons passé un week-end mémorable à Liverpool parmi un million de visiteurs. La ville a su mettre en scène l’évènement avec élégance… et un petit coup de main de leurs amis français.
 
Les marionnettistes du Royal de Luxe et la Petite Géante

Trois générations réunies
Ce sont ses habitants qui font de Liverpool une ville particulière. En effet, ils savent faire preuve d’un esprit, d’une chaleur et d’une force uniques. Quand mon fils et moi sommes arrivés à la station Lime Street, la ville grouillait déjà d’enthousiasme. Nous avons apprécié cet accueil et les conversations engagées dans la rue avec de parfaits inconnus. Des familles entières étaient réunies dans les rues — enfants, parents et grands-parents. Les plus jeunes attendaient calmement et gentiment malgré leur évidente impatience.

La compagnie théâtrale de Nantes
De nombreux spectateurs se sont remémoré la précédente visite des Géants à Liverpool pour le centenaire du naufrage du Titanic. Les gens étaient si heureux de les revoir que bon nombre d’entre eux ont assisté à chaque journée ou presque de commémoration. Certains ont même reconnu avoir versé quelques larmes en écoutant l’histoire du Pals' Battalion de la ville.

Liverpool est attachée à la compagnie théâtrale nantaise Royal de Luxe, et à Jean-Luc Courcoult, son directeur. Trois marionnettes géantes, une grand-mère, une petite fille et son chien El Xolo racontaient cette histoire. L’énergie des marionnettistes français m’a stupéfiée. 

Les familles observent la procession de la Grand-mère

On dit souvent que seul Londres et les autres capitales du monde peuvent organiser de grands évènements culturels et sportifs. Je ne suis pas de cet avis, mon fils non plus d’ailleurs. Un supporter de Liverpool pourrait-il visiter la ville sans passer par le stade d’Anfield ? (Désolée pour les fans d’Everton) Le football coule dans les veines de la ville. Mon londonien de fils était ravi de prendre une photo du maillot de Steven Gerrard. 
  

Un fan de Liverpool photographie le maillot de son idole


Le vestiaire était étonnamment sobre, ce qui nous a permis de constater que le glamour ne l’emporte pas toujours.

Cette ville sait aussi reconnaître certaines réalités. Ainsi, elle fait face à son passé dans le Musée international de l’esclavage. Même au sein du musée Anfield et ses vitrines chargées de trophées, des hommages respectueux sont rendus aux vies perdues lors des catastrophes de Hillsborough et Heysel.

Les coquelicots en céramique de la Tour de Londres sont particulièrement créatifs et impressionnants. Liverpool a souhaité une commémoration différente et qui attire l’attention de ses habitants. Le Giant Spectacular était gratuit et des familles entières pouvaient assister aux évènements. Ils ont écouté l’histoire de leur ville, oubliée ou inconnue de beaucoup. Je suis certaine que 2014, et donc 1914, resteront gravés dans les mémoires des enfants. Les excellents musées de la ville sauront leur permettre de les revoir et de raconter à leur tour cette histoire à leurs enfants.

Des vies perdues dans les Flandres
La compagnie théâtrale française a retransmis la réalité du Pals’ Battalion de Liverpool comme aucun mémorial n’aurait pu l’égaler. Désormais, les sacrifices et les souffrances de nos ancêtres auront plus de sens.
 

Les tranchées des Flandres où tant de soldats se sont sacrifiés




 Traduction de l'anglais par Céline Petit